Besoin de contacts ou distanciation
Indépendance ou interdépendance
Dans ce monde qui survalorise l’in-dépendance, c’est peut-être notre dépendance qu’il nous faudrait réapprendre et notre interdépendance que nous pourrions cultiver : dépendance à la nature, à la terre, à l’eau... à l’air... à l’oxygène... aux générations qui ont précédé, celles qui suivront, et bien sûr, dépendance à cet autre, notre frère et soeur humain.
Le philosophe allemand Arthur Schopenhauer a écrit un jour une jolie parabole :
« Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres. »
« Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable. »
« Ainsi, le besoin de société pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses manières d’être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. »
Aujourd’hui le monde entier porte des masques et se tient à distance de l’autre, « pour se protéger ».
Ainsi vont les porcs-épics : un coup ils se rapprochent, un coup ils se décrochent. Mais dans le fond, ils ne restent jamais très loin…